
Auteur : Ruta Sepetys
Gallimard Jeunesse
425 pages
Résumé :
Une nuit de juin 1941, Lina, quinze ans, sa mère, Elena et son petit frère, Jonas, dix ans sont brutalement arrêtés par la police secrète soviétique.
Au bout d'un voyage épouvantable de six semaines, presque sans eau et sans nourriture, entassés dans des wagons à bestiaux, ils débarquent au fin fond de la Sibérie, dans un camp de travail soviétique. Logés dans des huttes, sous alimentés, brutalisés, les déportés tentent de survivre et de garder espoir. Dans le kolkhoze, le travail de la terre est éreintant. Mais malgré la mort, la maladie, le froid, la faim et la terreur, Lina tient bon, soutenue par une mère exemplaire, son amour pour un jeune déporté de dix-sept ans, Andrius, et portée par sa volonté de témoigner au nom de tous et de transmettre un signe de vie à son père (condamné à mort dans un autre camp) grâce à son art du dessin et à l'écriture.
Mon avis :
Un coup de c½ur pour ce très beau roman de Ruta Sepetys. Je vous conseille de lire ses deux romans celui-ci et Big Easy parce qu'ils le méritent.
J'avais un peu peur en empruntant cet ouvrage, je n'ai jamais aimé lire sur la première et seconde guerre mondiale. En lisant Big Easy, ayant remarqué la plume très agréable et la force d'écriture dont est dotée Ruta Sepetys, je me suis alors convaincue de lire Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre. Je ne le regrette pas ! La plume de l'auteure est remarquable, forte et soignée, fluide et travaillée, c'est sympathique, ça se laisse lire et les mots employés sont bien pensés. Le fait que les chapitres soient courts donne un vrai rythme au récit, ils nous permettent de prendre plus facilement conscience des événements contés dans le récit.
Les descriptions, les dialogues, les émotions, tout ceci nous sont contés du point de vue de Lina, la protagoniste principale. L'utilisation du « je » nous permets d'accrocher très vite à son personnage, à sa manière de voir le monde et de se sentir plus proche de ce qu'elle a vécu – même si nous ne l'avons pas vécu. C'est la force du roman, ce qui m'a plût dès le départ, l'idée de l'auteure est intelligente, à travers des personnages inventés, elles nous content des événements vrais. Des événements qu'elle a recueillis auprès de survivants ou de famille de survivants, et pourtant, malgré le côté fiction, j'ai souvent eu du mal à me dire « c'est basé sur des faits réels », je me disais plus « c'est réellement ce qui s'est passé, Lina a existé ».
Sincèrement, le fait de nous conter d'un pan de l'Histoire souvent méconnu et malheureusement nié par quelques personnes est brillant. Je connaissais ces déportations, je connaissais un peu près Staline et ses idées, cependant, je suis contente de lire un ouvrage unique. Un roman qui pour la première fois parle de ces Lituaniens déportés en Sibérie, de leur calvaire, de ces conditions de vie atroces et du travail forcé. L'on est tenté de penser que ce roman est triste, trop peut-être, mais, pas du tout. Certes, il est triste, mais cette tristesse laisse vite place à la survie, la solidarité, à la dignité, au courage et à la volonté. Nous n'avons pas un roman mélodramatique sur ce sujet, mais une très belle leçon de courage et de vie. Rien que pour cette idée, le roman est déjà fantastique et splendide à mes yeux.
N'étant pas spécialisée dans cette période, j'ai apprécié l'effort incroyable de l'auteur pour retranscrire au plus juste les conditions de vie, l'épouvantable voyage qui mène nos personnages de Lituanie au camp en Sibérie, le souci du détail. Le bien comme le mal est conté, les joies comme les peines, les maladies et le rire, c'est un roman certes inventé, mais il est doté d'une force extraordinaire dans le réalisme qu'il fait office de témoignage poignant nous offrant un véritable choc émotionnel. C'est un roman qui laisse une trace indélébile dans le paysage de la fiction.
Les protagonistes sont sympathiques, attachants et même ceux que nous sommes censés détester se révèle humains, du moins, l'un d'entre eux. Lina est une jeune fille courageuse et intelligente, j'aime beaucoup le fait que l'art tienne une place importante dans sa vie, le fait qu'elle dessine ce qu'elle voit me la rend attachante. J'adore sa manière de percevoir le monde qui l'entoure, d'être toujours là pour aider son frère et sa mère. C'est une héroïne inoubliable que nous a construite l'auteure, mais ce n'est pas le seul personnage extraordinaire du roman. La mère de Lina est juste un exemple de mérite et de courage, de force et de volonté, c'est une femme forte et incroyable. J'aime son combat, ses idées, sa détermination, elle est géniale. Jonas, le petit frère de Lina, est tellement adorable et drôle, on ressent le poids de sa soudaine transformation dû aux événements qu'il doit affronter. Andrius est un jeune homme drôle et sympathique, j'ai beaucoup ri avec lui, ses réflexions sont intelligentes, il est courageux et déterminé à survivre. J'ai adoré sa personnalité et j'aurais aimé le voir plus souvent même. Les autres déportés sont tous importants, bien construits, ils possèdent tous un quelque chose à transmettre au lecteur, une force, une faille. Ils sont tous intéressants et l'on s'attache très rapidement à eux, quels que soient leur choix ou leurs combats.
En conclusion, c'est un réel coup de c½ur, et même si je suis plus Nouvelle-Orléans que Lituanie, ce roman est inoubliable. La plume est sensationnelle, forte et travaillée, les personnages sont humains et soignés, l'intrigue nous tient en haleine jusqu'à son dernier mot. C'est un roman qu'il faut lire au moins une fois, parce qu'il est marquant, il est triste, mais il n'est pas larmoyant, au contraire, il parle de vie, de courage et de toutes ces choses qu'ils n'ont pas pu leur prendre.
Avis de partenaires : Romans sur canapé -
splendide-Books, Posté le vendredi 30 mai 2014 15:19
Un livre qui me tente énormément ! *-*