
Auteur : Karine Giebel
Fleuve Noir (Fleuve Edition)
501 pages
20¤
Résumé :
Tu te croyais forte. Invincible. Installée sur ton piédestal, tu imaginais pouvoir régenter le monde. Tu manipules ? Tu deviendras une proie. Tu domines ? Tu deviendras une esclave. Tu mènes une vie normale, banale, plutôt enviable. Tu as su t'imposer dans ce monde, y trouver ta place. Et puis un jour... Un jour, tu te retournes et tu vois une ombre derrière toi. À partir de ce jour-là, elle te poursuit. Sans relâche. Juste une ombre. Sans visage, sans nom, sans mobile déclaré. On te suit dans la rue, on ouvre ton courrier, on ferme tes fenêtres. On t'observe jusque dans les moments les plus intimes. Les flics te conseillent d'aller consulter un psychiatre. Tes amis s'écartent de toi. Personne ne te comprend, personne ne peut t'aider. Tu es seule. Et l'ombre est toujours là. Dans ta vie, dans ton dos. Ou seulement dans ta tête ? Le temps que tu comprennes, il sera peut-être trop tard... Tu commandes ? Apprends l'obéissance. Tu méprises ? Apprends le respect. Tu veux vivre ? Meurs en silence...
Mon avis :
Je viens juste de terminer le livre, et même après un laps de temps de réflexion, je dois dire que je suis contente de l'avoir lu, il est intéressant, cependant, il me laisse un petit goût de « mitigé ».
Parlons du point positif, le caractère psychologie du récit. C'est très prenant, parce qu'on se retrouve au c½ur des pensées des personnages, de leurs évolutions, on voit ses longues chutes vers les Enfers. De ce côté-là, je suis très satisfaite, c'est détaillé et passionnant, ce jeu repose sur les nerfs, sur la capacité à endurcir, sur la folie, la paranoïa, sur la destruction.
L'auteure sait précisément comment nous mener par le bout du nez, on a souvent du mal à démêler le vrai du faux, parce que le personnage principal est réputé pour sa croyance aux complots, parce que son entourage ne croit en rien ses propos... Parce ce manque évident de preuves, cette ombre ne laisse rien traîner, donc comment attester sa réalité ? Comment faire croire à l'existence de quelqu'un quand il n'existe aucune preuve de sa présence ? Franchement, ce point est très réussi, je l'ai adoré pour cette partie psychologique qui nous plonge dans le doute, la peur, l'angoisse.
Côté policier. J'avais des doutes sur l'identité de l'Ombre, mais je préférais me réserver la surprise. Bon, j'avais tout juste, mais n'empêche que l'intrigue est plutôt sympathique à suivre, j'ai adoré me plonger dans l'enquête de Gomez. C'est d'ailleurs un protagoniste complexe, humain et très attachant, un brin lunatique, très grognon, un peu violent, mais très perspicace. Même s'il a tendance à foncer tête baisser, j'en suis même très désolée pour lui, c'est triste. C'est un excellent personnage, très intéressant.
Toutefois, j'aurais aimé une vraie fin, une fin qui clôture le roman, l'épilogue ne m'a pas convaincue du tout. J'aime les ouvertures dans les fins, mais là, j'ai l'impression que l'enquête ne détient aucun dénouement et surtout aucune conclusion. C'est dommage, parce que j'aurais tellement aimé que justice soit faite, ça aurait donné du baume au c½ur, un peu d'espoir. Je tiens quand même à préciser que ce thriller est captivant à suivre, j'ai apprécié ma lecture.
Ensuite, je vais évoquer le style. La plume de Karine Giebel est fluide, assez passionnante pour devenir addictive pour ce genre de récit. Les descriptions, les répliques, ce fut un moment plutôt agréable de lecture, le style est sympathique, je n'ai rien à redire dans la globalité. Une fois de plus, ce sont quelques détails – qui si l'on s'ennuie – pourront gêner à l'immersion voire la compréhension.
Les phrases courtes sont censées donner du rythme, c'est le cas, parfois. Bien souvent, ça m'a hachuré la lecture, la ralentissant même. Les chapitres courts étaient déjà suffisants pour donner un rythme effréné au récit. Quelques vulgarités par-ci par-là auraient pu être évitées, notamment au début du roman, après ça disparaît peu à peu. Je veux bien croire qu'il faut donner du naturel, mais tout le monde ne jure pas comme un charretier. Je suis bien contente que ce léger défaut fût effacé au fil des pages. Ensuite, là, c'est le plus gros défaut, celui avec lequel je n'ai pas pu m'y faire, c'est la forme. J'ai toujours appris que pour exprimer les pensées il fallait de l'italique ou des guillemets, dans ce roman, une foule de personnages expriment leur opinion intérieurement et pourtant, aucun moyen de faire la différence. Je me suis bien souvent perdue, dommage. Toutefois, je tiens à le préciser, la plume est jolie, les descriptions et les répliques m'ont captivée, même les pensées des personnages sont palpitantes, c'est juste un problème de forme.
Pour terminer cette chronique, je parlerais des personnages. J'ai déjà évoqué Gomez, je dois dire que j'aime son entourage, Sophie, sa femme et son coéquipier, Laval. Deux protagonistes que j'aurais aimé savoir un peu plus, parce qu'ils sont intéressants dans leurs relations avec Gomez. La meilleure amie de Cloé (personnage principal) est insupportable... désolée, c'est censé être une super copine, je sais qu'elle se sent rabaissée par Cloé, mais de là à ne porter aucun crédit à ce qu'elle dit, j'ai trouvé ça odieux. Bertrand est loin d'être le copain idéal, même s'il fait croire le contraire, je l'aimais bien au début puis je me suis mise à le détester, je n'ai jamais pu supporter Quentin et Martins, le rival au boulot. Ce sont des personnages bien construits, complexes, avec leur haut et leur bas, mais ce n'est pas facile à voir, ils sont un peu tête à claque pour moi. Je crois que le sommet est atteint avec Cloé. Alors oui, ce qui se passe pour elle devient vite triste, on se prend de compassion pour elle, on n'aimerait pas que ça nous arrive. Toutefois, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi détestable humainement parlant, et même ces horribles choses n'effacent pas son odieux comportement. Égoïste, à se croire indispensable, prétentieuse, manipulatrice, elle se croit supérieure à tout le monde, hautaine, je suis triste pour elle, mais je ne parviens pas à m'attacher à elle. Pourtant, des baffes, elle s'en prend, combien de fois son entourage essaie de la remettre à sa place, mais rien n'y fait. J'ai beau connaître son passé, ses souffrances et le calvaire que lui fait vivre le récit, elle reste une abominable tête à encastrer dans le bitume, je n'y peux rien. J'ai essayé, mais cela ne fonctionne pas, elle est antipathique.
En conclusion, c'est un très bon thriller psychologique. L'enquête est simple, mais efficace, elle est menée par un personnage des plus captivants qui soient, le coupable se trouve aisément, mais j'avoue que certains rebondissements m'ont surprise (agréablement). La dimension psychologique est d'une excellente qualité, la plume de l'auteure aide véritablement dans ce sens, avec tous ces sentiments de doute, de peur, de paranoïa, ce fut très passionnant. Les protagonistes sont humains, ils ont leurs failles et leurs qualités, je les ai bien appréciés, même si l'héroïne principale est impossible à aimer. Je pense lire d'autres romans de l'auteur parce que son style est captivant à lire.