
Auteur : Alexandre DUMAS
Librio – 2012
143 pages
2¤
Résumé :
Qui est Gabriel Lambert? Dans ce court roman, écrit à la même époque que les Trois Mousquetaires, six narrateurs se relaient pour raconter la vie de ce paysan monté à Paris, devenu homme du monde, puis faux monnayeur, qui finira au bagne de Toulon. Tous les témoignages sont à charge : le héros est un anti-héros, antithèse des figures courageuses qui peuplent les romans de Dumas. Derrière le personnage se cache un certain Henry de Falerne, que l'auteur a connu. Surtout, se cache Dumas lui-même : il y a bien des points communs entre créateur et créature, entre ces deux jeunes provinciaux qui ne supportent pas leur pauvreté et partagent le même talent, celui de l'écriture.
Mon avis :
Comme vous le savez, je suis une grande fan de l'écriture d'Alexandre Dumas, c'est un auteur que j'aime beaucoup, il a une plume très agréable à lire. En essayant de mieux le connaître, je me suis penchée sur le cas de cette petite histoire, Gabriel Lambert, un roman intéressant sans être mon écrit favori de Dumas, il m'a manqué un petit truc pour pleinement être satisfaite.
L'histoire nous présente l'auteur (Alexandre Dumas) reconstituant le passé d'un homme croisé par hasard et dont le visage lui rappelait une affaire à l'Opéra. On change ainsi de point de vue très souvent sans savoir clairement à qui l'on a affaire, c'est déstabilisant au premier abord, je me suis sentie un peu dépassée par ces changements inopinés, même s'ils ont pour but de nous présenter Gabriel Lambert. Un paysan monté à Paris et vivant au-dessus de ses moyens par le mensonge et la couardise, un antihéros pour lequel je ne suis pas parvenue à me prendre d'affection.
L'intrigue est écrite de manière à rentrer dans l'intimité de cet homme, Henry de Falerme. Je l'ai jugé tellement méchant, menteur, manipulateur, égoïste, je ne parviens même pas à le plaindre de ses nombreux malheurs ou a avoir une once de compassion pour lui. Ce qui est dommage, c'était le but du récit et j'en suis restée totalement à côté. J'avais plus d'égard pour ce docteur obligé de le suivre et de le surveiller, ou pour son épouse, la malheureuse qu'il a jetée. Les autres personnages sont intéressants même si on les voit que peu comme Alexandre Dumas lui-même, ou le père de Gabriel Lambert, un vieil homme très attachant.
La plume de l'auteur est fluide et il sait nous rendre compte des lieux, des émotions sans être ni simpliste ni trop long. Les descriptions sont suffisamment précises pour nous rendre compte de ce qui se passe sous nos yeux, le roman se lit assez facilement, en quelques jours, la variation des points de vue entraînent un bon rythme et l'envie de connaître le passé de ce comte mystérieux se retrouvant au bagne est une motivation importante pour tourner les pages. Les dialogues sont bien écrits, ils renforcent l'idée d'en savoir plus sur la personnalités des personnages rencontrés.
L'époque de Dumas est bien narrée, les m½urs, les coutumes, la fascination pour l'opéra est présente, les lois sur le bagne et les faussaires donnent des informations en plus sur ce XIXe siècle. La plume de Dumas permet de se fondre aisément avec les expressions en usage ces années là. Je n'ai eu aucun mal à comprendre, mais c'est la grande force de cet auteur, sa plume est soignée et lisible.
En conclusion, ce n'est pas mon roman favori d'Alexandre Dumas. L'idée de faire connaissance avec un homme, ses qualités et ses défauts à travers le point de vue de six personnes l'ayant côtoyé apparaît certes intéressant, encore faut-il que l'homme en question soit fascinant à suivre. Henry de Falerme, Gabriel Lambert de son vrai nom, est méprisable, il n'a d'humanité que ses plus bas côtés et rien n'a su me toucher en lui, excepté sa fin. Les personnages l'entourant sont intéressants à suivre, en particulier le docteur l'accompagnant durant plusieurs mois. La plume est fluide et très agréable à lire, mais le récit m'a paru laborieux à cause de cet homme peu recommandable.