Titre : Les fiancés de l'Hiver
Tome 1
Série : La passe-miroir
Auteur : Christelle Dabos
520 pages
Résumé :
Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l'Arche d'Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d'un complot mortel.
Mon avis :
J'avais déjà lu la Passe-miroir lorsqu'il fallait voter pour le concours Gallimard Jeunesse, il y a tout juste un an. Cependant, j'étais ravie de le relire en tant que livre papier, c'est un bel objet et l'histoire est absolument merveilleuse.
La couverture est magnifique, ce bleu est très joli et cette cité volante est une pure merveille ! Les détails du dessin me rendent admirative du résultat. L'architecture de cette arche est fantastique, me rappelant une forteresse médiévale.
Pour poursuivre cette chronique, je vais évoquer l'intelligence de l'intrigue. Le récit est divisé en deux parties, il n'y a pas de temps morts, à l'image d'Ophélie, nos esprits se posent sur chaque détail et les rebondissements sont nombreux. Les faux-semblants, les non-dits, on les côtoie très souvent durant ce premier tome, on se sent aussi perdu qu'Ophélie. En plus de cela, elle se voit marié à un homme aussi mystérieux que froid, elle doit à se rendre très loin de chez elle, au Pôle. L'histoire est maîtrisée, je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer, c'est un récit empli de thèmes intéressants et bien traités. J'aime cette histoire d'amour totalement improbable, le fait que notre héroïne puisse lire le passé des objets, ce mélange de fantastique avec un soupçon de belle époque... C'est un univers riche et complexe que nous propose l'auteure.
Le style de Christelle Dabos est tout aussi magique que son histoire. La plume est fluide et recherchée, c'est agréable à lire, on se laisse entraîner dans les descriptions. Elles nous immergent dans un monde incroyable, les décors et les objets sont bien décrits, les émotions le sont aussi, les vêtements, l'action, le mystère... Tout est soigné et travaillé. Le meilleur : le style reste simple à la compréhension, on ne bute sur aucun mot, on n'a pas mal à la tête, on ressent de la poésie, un côté féerique dans le choix des mots.
Les protagonistes sont fabuleux, variés et complexes. Les apparences sont souvent trompeuses et on le voit bien en analysant plus en détail chacun des personnages de cette belle fresque. Je ne vais pas le faire, mais retenez que le travail est extraordinaire. Ophélie est inoubliable, elle parle peu, elle ne parle pas très fort, elle est maladroite, mais elle est déroutante. J'avais peur de voir une héroïne faible et naïve, mais la réalité est tout autre. Elle est perspicace, elle possède son petit tempérament, elle est déroutante en somme. Thorn est plus mystérieux, on en apprend sur lui tout au long du tome et pourtant, il reste un arrière-goût d'inachevé, il nous manquera toujours des informations. Au fond, il est tout aussi déroutant qu'Ophélie, malgré sa distance, sa froideur, sa rigidité, je me suis attachée à sa personnalité.
La tante Roseline me fait rire, elle est le chaperon d'Ophélie, elle n'a pas sa langue dans sa poche, c'est un sacré phénomène. Je crois que c'est le même tableau avec la tante de Thorn, Bérénilde. Elle est manipulatrice, c'est une main de fer dans un gant de velours, je me suis surprise à tour à tour l'aimer et la détester. Au final, je la trouve courageuse et forte. Je suis fan de Gaëlle, elle est peu féminine, mais son histoire me touche et je juge son pouvoir génial. Renard est très drôle, c'est un sacré roublard, il a bon fond et je l'aime bien, il est spontané et ça fait du bien dans ce monde hypocrite. Le Chevalier me fait froid dans le dos tout comme le clan des Dragons. La mère Hildegarde me paraît être dotée d'un sacré tempérament et Archibald est totalement loufoque. Ces personnages, on s'y attache très vite, malgré leurs manigances, malgré leurs défauts, on ressent une certaine part d'humanité, excepté quelques personnes, bien entendu.
Il y a tellement de choses à dire sur ce premier opus, mais je préfère me taire, ça serait trop en dire. Il faut absolument retenir que ce roman débute très fort, l'intrigue est complexe, rythmée et passionnante. Les relations entre les personnages évoluent au fil des rebondissements, les Dons magiques des familles sont fortement intéressants. L'univers est riche et soigné, la plume de l'auteure est travaillée et les protagonistes sont attachants. L'héroïne est extraordinaire, il sera bien difficile d'oublier une telle personnalité, insoupçonnable dans un tel corps. Ce tome inaugure une très belle fresque dont j'ai hâte de pouvoir lire la suite. J'avoue, j'ai eu de la chance, j'ai lu la suite sur Plume d'Argent où l'auteure avait mis en ligne ses textes... Toutefois, comme pour les Fiancés de l'hiver, je reste persuadée que je prendrais autant de plaisir à relire les péripéties d'Ophélie comme j'en ai eu à les lire la première fois. Preuve que ce roman se lit et se relit avec joie. Une belle découverte, un très beau coup de c½ur que je conseille sans modération !