
Auteur : Molière
105 pages
Larousse
Résumé :
Comment Alceste, qui n'aime que la vérité, la sincérité, la droiture, lui qui est la rigidité faite homme, comment a-t-il pu s'éprendre de Célimène, qui représente tout ce qu'il déteste : l'hypocrisie, la légèreté, le persiflage, les apparences ? Il a pourtant bien succombé aux charmes de la jeune veuve, et voudrait qu'elle ne se consacre qu'à lui, qu'elle renonce à cette mondanité qu'il hait tant. Évidemment, elle n'en a aucunement l'intention.
Mon avis :
Molière, toute mon adolescence. Je suis passionnée par l'écriture de cet auteur, par sa capacité à me faire rire, par ces pièces à la fois simples, mais où il en ressort du génie. Bien sûr, c'est subjectif, si l'on n'adhère pas à Molière, ma chronique ne peut pas vous ravir davantage.
Le misanthrope, un trait de caractère qui autrefois faisait rire. Aujourd'hui, je ne sais pas comment sont vus les misanthropes par la société, mais à l'époque de Molière, on les tournait en dérision. Le résumé est bien fait, Alceste est franc, peut-être un peu trop, et de ses vérités, bien des gens s'en passeraient ! Tandis que Célimène est son contraire, elle représente la frivolité et l'hypocrisie dans sa splendeur. Alors que j'adore le premier et que je n'apprécie guère la seconde, l'époque veut que le premier soit ridicule et la deuxième « normale ».
Toutefois, Molière ne se moque pas uniquement du caractère bourru d'Alceste confronté à la légèreté de Célimène. Il critique avec élégance beaucoup de traits de la vie mondaine, celle de son époque. Les personnages qui s'opposent tour à tour à Alceste sont son opposé, lui est asocial, les autres démontrent trop leur enthousiasme. Néanmoins, il n'oublie pas de placer dans ce tumulte des protagonistes plus doux, plus sages, ce sont généralement vers ceux-là que mon c½ur penche.
Ce que j'aime chez Molière, c'est sa capacité à faire passer des messages implicites. J'ai senti qu'à de nombreuses reprises, il se moquait de Célimène tout comme il se moque de l'excès de franchise pour Alceste. La comédie aide à jouer sur les quiproquos, les sous-entendus et Molière excelle dans cet art, j'ai bien ri des aventures de ce pauvre Alceste qui va de mal en pis. La plume de l'auteur est belle, fluide et agréable à la lecture, les vers sont joliment tournés et la pièce se lit très vite, car elle est courte.
J'ai beaucoup d'affection pour Philinte, honnête et sage, il conseille au mieux Alceste, mais ses avis sont laissés de côté par ce dernier. J'aime la joute instaurée entre Célimène et Arsinoé, deux mondaines, presque médisantes, coquettes, elles sont différentes dans leur manière d'être, mais l'une comme l'autre sont futiles et parfois désagréables. Pour preuve, le final ne sert pas de leçon à Célimène, elle ne veut pas changer, elle aime trop son mode de vie pour en changer. J'adore Eliante, une femme extraordinaire, juste et si sincère, elle est touchante et gentille, bienveillante, c'est un vrai bonheur de la voir... dommage qu'elle apparaisse si peu.
Oronte m'a tellement amusée, il remplit à merveille « beaucoup de bruit pour rien » ; il est courtois et sympathique, mais sa vanité lui coûte cher, il se prétend grand poète et refuse catégoriquement qu'on lui fasse la moindre critique négative. Quant à Acaste et Clitandre, deux marquis, il était obligé vu l'aversion connue de Molière pour ce titre, qu'il raille leurs travers. Leur manque de délicatesse m'a souvent fait sourire. En somme, les personnages de Molière sont très bien écrits, humains, leurs travers comme leurs qualités sont dépeints de manière à nous toucher, à nous faire rire autant qu'à nous interroger.
En conclusion, cela faisait des années que je n'avais pas remis le nez dans une pièce de Molière et je m'aperçois que même si ce titre n'est pas mon préféré, il est drôle et bien écrit. Les personnages sont amusants, certains sont attachants, la plume est fluide et agréable à la lecture. J'ai passé un très bon moment à rire en compagnie d'Alceste et de ses amis, ma lecture fut courte et rapide, mais j'ai su l'apprécier.